Lauréat 2012 des Trophées de l’enseignement de l’éthique
Didier Jourdan
Didier Jourdan est professeur à l’université Blaise Pascal. Âgé de 49 ans, il est titulaire de l’agrégation, d’un doctorat en neuropharmacologie et d’un doctorat en éthique. Chercheur au laboratoire ACTé EA 4285, il est spécialiste de la prévention et de l’éducation à la santé. Il est l’auteur de 70 articles dans des revues scientifiques référencées, de 7 livres et de plus de 200 communications. Particulièrement attentif à la dissémination du savoir scientifique, il a également rédigé de nombreux articles dans des revues destinées aux professionnels de la santé et de l’éducation. Il enseigne à l’IUFM d’Auvergne notamment au sein du master « éducation et santé publique » qu’il a créé en 2004, mais également dans le cadre du master international francophone des métiers de la formation et dans la formation des enseignants des premier et second degrés. Il prend part à la formation continue des professionnels de l’éducation et de la santé.
Didier Jourdan dirige l’IUFM d’Auvergne depuis septembre 2010 et il est vice-président de l’université Blaise Pascal en charge de la politique territoriale et de la formation tout au long de la vie depuis avril 2012. Membre du Haut conseil de la Santé Publique, il est vice-président de la commission « Prévention, Éducation et Promotion de la santé ».
Résumé de ses enseignements
La santé publique, comme politique et comme champ de pratique, tient une place importante dans la vie sociale. Elle trouve son expression dans un large éventail d’interventions qui se réfèrent à la surveillance de l’état de santé de la population, à l’organisation des services de santé, à la sécurité sanitaire, à la prévention ou à la promotion de la santé.
Ces interventions de santé publique ne sont pas neutres, elles posent de sérieux problèmes éthiques. Qu’il s’agisse de la gestion des crises sanitaires, du statut des données personnelles collectées sur les personnes ou bien des pratiques de dépistage à but préventif, les débats de ces dernières années les ont mis en lumière. Sur quoi fonder la légitimité de telle ou telle politique de santé publique qui limite la liberté des individus à disposer d’eux-mêmes ? Qu’est ce qui la motive ? À quelle vision du rôle des pouvoirs publics cette intervention se réfère-t-elle ? Qui décide de ce qui doit être promu ou proscrit ? Peut-on tolérer de voir se développer le contrôle social des individus au nom d’un état d’exception sanitaire permanent ? Quel statut donne-t-on à la personne « sujet » ou « objet » du programme de santé publique ? Comment ce dernier est-il garant de la liberté de disposer de soi, de l’autonomie des individus notamment des plus vulnérables ? En quoi telle pratique de prévention est-elle acceptable ? Le caractère crucial de ces questions est renforcé par le fait qu’il s’agit d’intervenir sur la santé, non pas seulement dans un cadre curatif (en réponse à une demande de soin) ou en contexte épidémique (crise sanitaire), mais dans un cadre préventif (avant qu’une maladie ne se soit déclarée et sans que la personne ne l’ait demandé).
Donner les moyens à tous les acteurs de porter un jugement éthique sur les politiques et les pratiques de prévention est ainsi un enjeu central. C’est la finalité de l’enseignement dispensé par Didier Jourdan au sein du master éthique et santé publique comme dans le cadre de la formation continue. Un ouvrage, destiné aux étudiants, chercheurs, professionnels mais aussi décideurs ou citoyens intéressés par les questions de santé publique a été rédigé à partir de cette expérience. Sur la base d’une analyse approfondie des problématiques éthiques, il propose un ensemble de repères pour l’action dans le champ de la prévention et de l’éducation à la santé (Jourdan D., La santé publique au service du bien commun, Collection Balises, Éditions de santé, Paris 2012, 359 p.)
Sa page sur le site du laboratoire Acté de l’université Blaise Pascal Clermont-Ferrand 2